Le « Mont de Vénus » désigne en anatomie le pubis de la femme. Dans sa représentation, la nudité de ce sexe est généralement dissimulée, par une feuille, une chevelure, un drapé... et, si il n'est pas rendu invisible, il apparaît alors dépourvu de toute pilosité. Ce sexe ne peut-il être montré que lorsqu’il n'est plus ostensible, lissé ou glabre ? Comme si l'apparition de ce sexe devenait trop provocante, obscène, voir bestiale pour être divulgué dans sa nudité.
Vénus. Une déesse que l’on chercherait pourtant à cacher. Ce nom malgré lequel mon anatomie est accablée d’une animalité subversive à la limite du représentable. Se crée alors une dichotomie qui aliène le rapport à mon corps et à sa représentation. Il devient dysmorphique.
Cette série relève d’un travail sur l’identité et le rapport au corps. Je photographie de façon méthodique dans le cadre intime et personnel ces pubis. Détachés du reste du corps, ils deviennent à la fois objets et sujets. Depersonnaliser ce sexe qui m’est devenu étranger et hostile afin de me le réapproprier. Telle était mon ambition. La mise à nu, cependant, reste un parcours progressif qui rend compte de la difficulté de se débarrasser des artifices, ceux qui rassurent en aliénant l’image de notre corps.